mercredi 4 mai 2016

Interview avec Patrick Moya artiste plasticien

Interview Patrick Moya Artiste
Copyright Patrick Moya
Rencontre avec Patrick Moya, artiste plasticien installé depuis de nombreuses années à Nice. Ses oeuvres utilisent divers supports, céramiques, peintures, sculpture. Une de ses spécialités est la "live painting". Il est également l'auteur d'un ouvrage "L'art dans le nuage" aux éditions Baie des Anges, qui évoque les interactions entre l'art et le virtuel. Ses oeuvres, souvent de dimensions imposantes, créent une féerie imaginaire, presque enfantine, et l'on y retrouve souvent l'avatar de l'artiste sous la forme d'un Pinocchio contemplatif et la fameuse Dolly, malicieuse brebis à la langue bien pendue.


Patrick Moya est un artiste reconnu internationalement, il a gentiment accepté de répondre à nos questions pour le site www.bienetreaufeminin.com



  • Quelles ont été les personnes ou les événements qui vous ont inspirés au début de votre carrière ? L'évènement le plus marquant a été de vivre, enfant, l'homme qui marchait sur la lune à cause l'ubiquité du médium télévisuel. Qu'un évènement puisse être vécu en direct dans le monde entier a influencé le regard que j'ai porté plus tard sur le futur de l'art.



  • Patrick Moya, sous l'impulsion de Jean Ferrero vous avez réalisé une fresque dans la chapelle Saint Jean Baptiste à Clans (06), pourriez vous nous dire un mot sur votre rapport à la spiritualité ? est ce un moteur de votre oeuvre ? J'ai toujours beaucoup dessiné dans les musées. Peindre dans une chapelle est un exercice qui apprend beaucoup sur l'histoire de l'art, d'autant que pour Clans, les conditions de sa réalisation ont été assez proches de ce que pouvaient vivre les peintres d'autrefois, sans eau ni électricité. Pour ce qui est de la spiritualité, je suis d'abord superstitieux, c’est pour ça que je met des cierges dans les églises – sinon je suis surtout pragmatique. Je sais que je peux attendre le dernier moment pour croire. C'est l'avantage de la religion catholique, on peut rester un enfant qui fait des bêtises, une créature libre, et se faire pardonner après. 



  • Qu'est ce qui vous séduit dans les performances en direct, la "live painting" ? La proximité avec le public, l'adrénaline, le défi dans un temps limité ? J'ai toujours aimé vivre l'art comme un saltimbanque. Arriver quelque part avec seulement un petit sac de peinture, une toile pliée et faire un évènement m'a toujours plu. Le fait que je n'ai pas le permis de conduire a aussi joué dans cette manière de faire dans la légèreté. Je n'arrive à travailler qu'au dernier moment, quand j'y suis obligé : la live painting devant un public me permet de faire de grande toiles que je ne ferais pas autrement, ce qui me fournit ensuite du materiel pour remplir les grandes expositions.
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  • Vous évoluez dans le monde physique, onirique et même virtuel, selon vous quel est le lieu le plus adapté pour comprendre vos oeuvres ? Moya Land, dans l’univers virtuel, est le seul lieu où je peux montrer mon travail dans sa globalité. Pour moi, chaque peinture, sculpture ou performance n'est pas une oeuvre d'art, c'est un pixel d'une image globale. Quand je suis sur mon île virtuelle, dans le Moya Land, j’embarque les visiteurs dans une voiture et je leur fais un tour complet en immersion. Il est aussi possible de prendre rendez vous avec l'office de tourisme du Moya Land.

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  • En un mot Nice, pour vous c'est ? C'est une ville où l'art est en vacances et parfois ça fait du bien. 




artiste plasticien interview
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  • Vous avez récemment été exposé au Palazzo Ducale de Mantova, avez vous des liens privilégiés avec l'Italie ? Oui, depuis longtemps j'expose régulièrement en Italie, beaucoup plus qu'en France, j'y fais aussi de la céramique. L’art y est vécu de façon beaucoup plus naturelle, les mots qu'on entend quand les italiens visitent une expo sont lié au plaisir : mi piace – Que bello – molto carino … L’Asie et l’Italie ont sans doute beaucoup transformé mon art et l'ont libéré. 




  • Que pensez vous du statut actuel des artistes en France ? Exposant peu à Paris, je ne me sens pas vraiment artiste français. De plus, le soir, je vis loin de la France, dans un monde virtuel où les visiteurs du Moya Land sont principalement des étrangers. Donner une opinion sur ce sujet, c’est toujours entrer dans une polémique qui oppose l'art officiel au reste des artistes. Mais dans mon cas, je suis pris entre les deux : j'ai lu beaucoup étant jeune les revues d'avant-garde, je me situe dans l'histoire de l'art contemporain, même si j'en suis en apparence à l'opposé. Je suis plutôt en contradiction, mais tout en me référant à l'histoire de l'art contemporain. Mon but reste d'être dans la continuité des artistes que j'ai admiré comme Joseph Kosuth, Nam Jun Paik ou d'autres. Je me demande parfois si je ne me suis pas un peu égaré à force de vouloir trop contredire. Déjà, quand j'étais étudiant à la villa Arson en 1974, je disais pour choquer mes professeurs que Guy Lux et Claude François étaient les plus grands artistes d'art contemporain … je n'ai pas eu mon diplôme – c'était déjà mal parti.




  • Pourriez vous partager avec nous une citation "inspirante" ? « Les artistes devrait signer plus lisiblement » (inspecteur Colombo). C’est dans un épisode de cette série tv, qui se passe dans un musée devant une toile dont il n'arrive pas à déchiffrer la signature. Sinon j'ai aussi l'une de mes propre citation : « L’idéal serait de pouvoir plaire à tout le monde tout étant d'avant-garde. L'idéal serait de pouvoir aborder tous les styles tout en restant parfaitement reconnaissable. L'idéal serait de pouvoir être partout sans se galvauder. C'est sans doute une utopie; mais j'y travaille ».


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  • Avez vous un modèle, illustre ou inconnu, contemporain ou non, réel ou virtuel ? que représente t il (elle) pour vous ? Mon modèle est virtuel, c'est celui de l'image utopique de l'Artiste qu'adolescent je rêvais d'être, libre et sans contrainte, pouvant faire tout et n'importe quoi. J'essaie au maximum de tendre vers ce modèle. Je préfère souvent faire des concessions à l'art ou aux oeuvres plutôt qu'a ce modèle. Car au final c'est lui qui est le liant de l'ensemble. 



  • Quels sont vos pages, sites web fétiches ? pour quelles raisons ? ça n'a rien d'original : Google image qui me sert d'encyclopédie, Youtube pour mettre tous mes films et les conserver et bien sûr Facebook pour avoir une vie sociale que j'ai toujours eu du mal à avoir en réel.







  • « Le clown ce n'est pas moi mais cette société monstrueusement cynique et si inconsciemment naïve qui joue le sérieux pour mieux dissimuler sa folie. » Que vous inspire cette citation de Salvador Dali ? Cette idée que l'artiste n'est pas si fou qu'on le pense et que la société est plus folle que l'artiste fait partie des mythologie de l'art, mais ce n'est que quand l'artiste est totalement installé dans le paysage qu'arrive ce renversement. L'idée du Don, de la folie, des drogues, de l'alcool sont des restes du chamanisme, ce qui rassure, finalement, en laissant penser que l'artiste n'est pas totalement responsable de ses actes. Lui-même joue de cette mythologie pour protéger les ficelles du métier. Il vaut mieux avoir l'air d'une marionnette que d'un manipulateur.



  • En dehors de votre site officiel http://www.moyapatrick.com, vous animez également http://patrickmoya.blogspot.fr, où vous décrivez vos pérégrinations de « touriste virtuel ». Pourriez vous nous en dire deux mots ? J'ai aussi un blog concernant mon ile virtuelle comme « serious game ». Second Life est tellement grand qu'on n'arrive pas à tout connaitre : quand je visite une belle île japonaise, sud américaine ou africaine, je prend des photos pour m'en souvenir. J’en ai fais un blog mais il y a aussi des articles sur les mondes virtuels en général. J'ai aussi une page sur Flickr pour y mettre les photos des mondes virtuels. Mais c'est un peu en sommeil car j'ai tellement de travail sur mes propres îles que je n'ai plus le temps de faire du tourisme virtuel.



  • Nous savons que vous appréciez la musique Techno (vos fameuses Dolly Party), quels sont les autres styles de musique qui vous touchent ? Comme souvent pour les plasticiens, je ne suis pas très mélomane. Mais j'aime la musique baroque et en particulier les voix de haute-contre. Cela me semble être le moment où l'homme comme créature commence à prendre son indépendance et à parler directement au créateur, pas encore très rassuré, avec une voix d'enfant en s'adressant au ciel.
Interview Bienetreaufeminin.com
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Merci Patrick Moya pour votre disponibilité et votre sincérité, vos créations nous touchent, nous sommes heureux que vous soyez le premier Artiste à participer aux interviews Bien Être au Féminin.
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